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Résistances et Libertés
1 mai 2021

«Horreur, cruauté, brutalité, sadisme...» : prison ferme pour le tortionnaire du chiot Iboo

 

Dix mois de prison ferme, six avec sursis probatoire pendant deux ans, maintien en détention et interdiction définitive de détention d’un animal… En condamnant ce jeudi Samba T. pour « sévices graves et actes de cruauté envers un animal domestique », des brûlures au troisième degré sur l’ensemble du dos et la perte d’un œil pour son chiot de trois mois, le tribunal correctionnel de Marseille a envoyé un signal fort aux 18 associations de défenses des animaux qui s’étaient constituées partie civile. Le chiot, depuis baptisé Iboo par sa famille d’accueil, a par ailleurs été confisqué et confié à la SPA.

Samba T., né il y a quarante et un ans au Mali, était accusé par plusieurs voisins, qui avaient fini par appeler la police, d’avoir martyrisé pendant de longues semaines ce chiot, « acheté à un SDF », avant de le jeter le 19 février dernier dans un conteneur à poubelles du Ve arrondissement de Marseille, où il avait été retrouvé par un éboueur.

« Sans aucune empathie et intellectuellement limité »

Arrivé à deux ans en France, devenu « le souffre-douleur de sa mère » après le divorce de ses parents, il a vécu dans la rue depuis ses 14 ans, consommant par le passé de la cocaïne, de l’héroïne et même du crack, et toujours aujourd’hui quotidiennement du cannabis et de l’alcool. Son casier judiciaire illustre cette vie d’errance : 12 condamnations, pour 15 années de prison prononcées en tout. Diagnostiqué schizophrène par l’expertise psychiatrique, qui a déterminé que son jugement était altéré mais pas aboli au moment des faits, il est décrit comme « sans aucune empathie et indifférent, intellectuellement limité ». Il était incarcéré en détention préventive depuis son interpellation et cette altération du discernement a fait baisser la peine encourue, deux ans ferme, d’un tiers.

« J’ai eu un chien, je ne lui avais pas donné de nom, ça m’est arrivé de le frapper à coups de pied sans plus », a tenté d’expliquer à voix très basse le prévenu, qui a justifié les brûlures et l’éborgnement du chiot par « un bain dans l’eau bouillante dont je l’ai sorti tout de suite ». Les rapports des vétérinaires évoquent eux des produits chimiques. « Monsieur, ça n’est pas un accident », a soulevé la présidente Karine Molco en montrant les photos du chiot martyrisé.

« Je fume des drogues et je bois de l’alcool. Après des années de solitude, je voulais un animal de compagnie, mais j’ai vu que je ne pouvais pas m’en occuper et je l’ai vendu », a essayé de raconter le quadragénaire, originaire de la région parisienne et installé à Marseille depuis deux ans, qui a nié avoir jeté le chiot à la poubelle malgré les images de vidéosurveillance.

« Il lui faut une peine de sursis probatoire et une obligation de soin »

Les avocats des associations de défense des animaux ont unanimement dénoncé « un niveau important de méchanceté et de sadisme ». « Horreur, cruauté, brutalité, sadisme sont les quatre termes de ce dossier », a soulevé la substitut du procureur, Laetitia Pons, balayant la thèse de l’accident et insistant sur « sa volonté de lui faire mal », avant de requérir seize mois de prison, dont trois avec sursis, plus huit mois ferme pour avoir refusé de donner ses empreintes génétiques.

Face aux nombreuses parties civiles et à une pétition en ligne demandant une « sanction exemplaire pour le tortionnaire d’Iboo », qui a réuni près de 80 000 signatures, Me Samir Bouchama, avocat de Samba T., a dénoncé « cette volonté de faire un exemple ». « Sa pathologie mentale peut expliquer beaucoup de choses, a-t-il plaidé. Ça fait deux mois qu’il est aux Baumettes, il lui faut une peine de sursis probatoire et une obligation de soin. » Il a obtenu la relaxe pour « refus de soumission à un prélèvement biologique ».

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