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Résistances et Libertés
21 mars 2021

Paris. Un hommage à une policière qui s’est suicidée interdit mais la manifestation d’Assa Traoré autorisée

policiere-suicide-traore

 

Aurélia avait 27 ans. Le 6 septembre 2020, cette jeune policière en poste à Sartrouville (Yvelines) s’est suicidée avec son arme de service. Juste avant son geste fatal, elle avait laissé un mot sur lequel il était écrit : « Parce que je ne compte pas ». Six mois plus tard, les autorités ont estimé que la jeune femme s’était donné la mort en raison de problèmes personnels.

Une enquête est aux mains de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, la « police des polices »), mais les proches de la jeune femme, soutenus par le syndicat de policiers Vigi et l'association Hors Service, redoutent qu'elle n'arrive aux mêmes conclusions. « Le cas d'Aurélia est symbolique de ces blessés de la police qui ne sont pas suivis psychologiquement et sont laissés seuls face à leurs difficultés, estime Cédric, porte-parole de l'association Hors Service, qui accompagne la jeune sœur de la défunte dans ses démarches. Elle avait été grièvement blessée au bras dans une course-poursuite et n'a pas été accompagnée par notre hiérarchie ou les psychologues de la police, malgré son traumatisme… »

Ce mercredi 10 mars dans la matinée, les soutiens de la jeune femme avaient prévu un rassemblement devant les Invalides à Paris pour rendre hommage à la jeune femme. Il a finalement été interdit par la Préfecture de police. Réunis dans la journée à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), ses proches ont toutefois fait part de leur colère, furieux qu'une nouvelle fois, le rôle de la hiérarchie policière ne soit pas pris en compte pour expliquer l'acte fatal d'Aurélia, qui travaillait en brigade de jour et assurait des missions de police secours dans un secteur réputé difficile.

«Un problème de management que personne ne veut voir»

« Elle a laissé une vidéo où elle désigne clairement les responsables de son acte, souligne Alexandre Langlois, du syndicat Vigi. Elle accusait sa hiérarchie et rien de tout cela n'a été pris en compte dans l'enquête. On ne peut plus se contenter de cacher cette vague de suicides structurelle derrière des problèmes individuels… » « Dans la vidéo qu'elle a envoyée à notre association juste avant de mettre fin à ses jours, elle expliquait redouter que son geste soit mis sur le compte de problèmes personnels, souligne aussi Cédric de Hors Service. Ça n'a pas manqué. Pourtant, c'est le sentiment d'abandon qu'elle a ressenti dans la police qui l'a poussée à se suicider. »

Un cas qui n'est malheureusement pas isolé. Depuis 2019, plus de 80 policiers ont mis fin à leurs jours. Pour lutter contre cette vague de suicides, le ministère de l'Intérieur a mis en place deux numéros verts. Des mesures jugées « hors sol » par Alexandre Langlois : « Quand on en est réduit à demander aux chefs de faire preuve d'empathie, c'est bien qu'il y a un problème de management. Mais personne ne veut le voir. »

 

Comme l'association Hors Service, le syndicat alerte depuis plusieurs mois sur le malaise dans la maison police et souhaite notamment, « imposer une visite trimestrielle chez le psychologue pour tous les policiers, détaille Alexandre Langlois. Cela permettrait de déceler les comportements à risques, et le caractère obligatoire éviterait que la visite à un psychologue soit vue comme un aveu de faiblesse, comme c'est trop souvent le cas chez nous… »

 

 

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