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Résistances et Libertés
19 avril 2021

Corse : Forte mobilisation contre l’expulsion d’un couple de personnes âgées par le préfet

corse

 

L’expulsion d’un couple de personnes âgées dans un village de Corse sur ordre de la préfecture a donné lieu à une mobilisation d’une centaine de personnes ayant fait face aux gendarmes le 15 avril. Les principaux responsables politiques corses dénoncent quant à eux le non-respect des engagements précédents par l’actuel préfet de Corse.

Ota : la population mobilisée contre la décision préfectorale

Dans le village d’Ota, sur les bords du golfe de Porto, les époux René et Pierrette Keirsbilck, âgés de 76 et 86 ans et dont le domicile était frappé par un arrêté d’expulsion et de destruction depuis plusieurs années, avaient eu l’assurance de la préfecture que la procédure ne sera pas mise à exécution de leur vivant et qu’ils pourraient ainsi y finir leurs jours. Mais les choses ont finalement pris une tournure différente ces derniers jours. Afin de régulariser une décision de la Cour de cassation datant du mois d’octobre 2020, le préfet a finalement ordonné de couper l’alimentation électrique de leur domicile en vue de la démolition prochaine de ce dernier.

Mais c’était sans compter sur la mobilisation d’une centaine de personnes jeudi 15 avril au matin, après que l’information de cette coupure à venir ait circulé la veille. Les habitants du village et des communes alentour s’étaient regroupés devant le logement, accompagnés de certains élus afin de marquer leur solidarité avec ce couple propriétaire du garage automobile local (attenant au domicile et lui aussi visé par la procédure de démolition). L’objectif du rassemblement était simple : empêcher l’interruption de la fourniture en électricité du domicile.

Parmi les manifestants, le sentiment de colère était présent, dénonçant par ailleurs « une justice à deux vitesses », comme le rapporte Corse Matin. Certaines voix soulignent d’ailleurs le caractère paradoxal de cette expulsion : « Chaque jour, on entend parler de maisons squattées par des habitants inexpulsables pour cause de Covid. Il est incompréhensible que ce couple soit logé à une autre enseigne ! Ces personnes sont chez elles. C’est une honte, un scandale indécent ».

Le préfet de Corse n’a pas respecté les engagements précédents

La foule massée va alors faire face aux gendarmes et empêcher l’accès au compteur électrique du couple Keirsbilck. Le ton va rapidement monter et les gendarmes recevront finalement l’ordre de se retirer en fin de matinée. Tout comme les services d’EDF qui n’auront pas pu procéder à la coupure.

À l’origine de cette affaire, la construction des bâtiments sur une zone naturelle non-constructible de la commune, à savoir le site classé de Porto-Girolata. Du côté de la préfecture, on rétorque que « le bâtiment a été construit en secteur naturel inconstructible d’après le zonage établi par le plan local d’urbanisme de la commune. De plus, les activités en cause ont provoqué une pollution des sols et de la rivière en contre bas. Dans ce contexte, plusieurs décisions de justice concordantes, intervenues depuis 2009 jusqu’en 2020, que ce soit au niveau pénal ou administratif, ont toutes sanctionné cette situation. Elles ont condamné les occupants à quitter les lieux et à procéder à leur remise en état. »

Mais, à Ota, on ne l’entend pas de cette oreille puisque le maire de la commune rappelle qu’un accord verbal avait été passé avec la préfète de l’époque, Josiane Chevalier, afin que le couple n’est pas à quitter son domicile de son vivant. Accord respecté par son successeur, Franck Robin. Toutefois, l’actuel préfet Pascal Lelarge a donc choisi de passer outre.

Tandis que le couple menacé d’expulsion ne dispose désormais plus de recours face à la justice, la préfecture de Corse indiquait dans un communiqué en date du 15 avril que «  le coordinateur pour la sécurité en Corse a pris contact avec le maire d’Ota, afin d’étudier avec lui la possibilité d’un relogement pour le couple d’occupants. »

Réaction des politiques en Corse : tollé contre le préfet

La tentative d’expulsion de jeudi matin par la gendarmerie a rapidement agité les réseaux sociaux sur l’île de Beauté et fait réagir les principales figures politiques corses. À commencer par Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, qui a apporté son soutien au couple tout en précisant : « Le préfet Lelarge doit bien sûr respecter cet engagement [de ne pas expulser le couple par la force] ».

 

Pour sa part, le président de l’assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a déclaré que « le préfet Lelarge revient sur la parole de l’Etat et franchit une nouvelle ligne rouge en tentant d’expulser deux personnes âgées. »

Le ton était encore plus virulent du côté de sa formation indépendantiste Corsica Libera :

« Les Préfets français se succèdent en Corse mais, au delà de leur personnalité, c’est bien la mission qu’on leur confie qui les fait débarquer chez nous avec l’uniforme de l’ennemi éternel : celui qui confisque au peuple de ce pays le droit d’exercer des libertés fondamentales et d’accomplir son destin national.
La question n’est même plus tant  »quand comptez-vous partir ? », que :  »quand vous déciderez-vous enfin à ne plus revenir ? » ».

Dans un autre registre, notons enfin que la sous-préfecture de Corte a fait l’objet de plusieurs tirs, occasionnant des dégâts sur la façade et à l’intérieur du bâtiment, dans la nuit du 14 avril…

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Velvet) (photo d’illustration, Préfecture de Corse-du-Sud)
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