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Résistances et Libertés
21 février 2021

Malaise social : au commissariat de police du Havre, rien ne va plus !

Crise. Depuis fin 2020, un malaise inquiétant gagne les effectifs du commissariat central du Havre. Sur fond de sous-effectif chronique et de réorganisation des services, les méthodes de certains commissaires cristallisent les rancœurs.

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500 policiers travaillent au commissariat du Havre. (Photo d’archives PN)

Que se passe-t-il au commissariat du Havre ? Une crise qui semble couver depuis fin 2020 a pris ces dernières semaines une ampleur inédite. Sur les 500 effectifs que compte le commissariat dirigé par le commissaire divisionnaire Olivier Beauchamp, une dizaine de gardiens sont en arrêt maladie. D’autres devaient suivre selon le syndicat Unité-SGP, qui précise qu’entre dix et quinze policiers havrais sont également suivis par le service psychologique. Sans compter ceux qui prennent des disponibilités pour tenter d’aller se former à un autre métier.

« Le mal-être est partout. Il y a même eu une rupture conventionnelle, ça c’est quelque chose que je ne connaissais pas dans la police », relève un officier. Les racines de la crise semblent plonger, à tous les niveaux hiérarchiques, dans la fatigue due à la surmobilisation les week-ends lors du mouvement des Gilets jaunes puis à la crise du Covid. Une surmobilisation qui a pesé sur la vie familiale et le fonctionnement des unités judiciaires. Les « mobilisés » du week-end récupéraient en semaine, laissant les dossiers aux présents.

 

 Une hiérarchie « obnubilée par son avancement »

« La première raison [de la crise, Ndlr] c’est le manque d’effectifs », pointe un policier qui a tenu a témoigner anonymement du mal-être exceptionnel qui règne boulevard de Strasbourg. « Je n’ai jamais connu un tel état de démotivation. Je n’ai jamais vu autant de fatigués et les effectifs, c’est une catastrophe », confirme un officier. Le policier dénonce aussi des critiques qui pourraient être reprises dans tous les commissariats de France : la baisse d’attractivité du métier, pas assez payé eu égard à sa difficulté « alors que la chaîne hiérarchique se gave de prime au mérite et de statistique ».

Une hiérarchie « obnubilée par son avancement » et pointée du doigt pour son « manque de considération » ou son « absence ». Le commissaire divisionnaire Beauchamp se voit reprocher sa gestion d’une réorganisation interne mise en place fin 2020. « Avec plus de communication, les choses auraient pu mieux se passer », relativise un officier. Mais aussi de « couvrir » son subordonné, le commissaire Pierre Martinez, chef de la Sûreté urbaine, qui cristallise les rancœurs. Dans ce service de 130 personnes, cinq officiers sur sept sont en arrêt maladie depuis dix jours. « Quand vous avez cinq officiers sur sept arrêtés, c’est que vous avez un souci », reconnaît un policier proche de la direction locale, qui estime que le problème est plus dans la relation humaine.

Certains ont tenu à témoigner anonymement parce qu’« on est à bout, on ne veut pas que des gens se suicident, on veut qu’il y ait une prise de conscience ». Ils dénoncent l’absence et la gestion clientéliste de l’avancement par leur chef, lui-même en arrêt maladie depuis le 4 février. « Une provocation » pour ces officiers.

Preuve que la situation est sérieuse, le directeur départemental de la Sécurité publique de Seine-Maritime s’est rendu à la Porte océane le 10 février. Pour le syndicat Unité-SGP, rien ne va plus. « Les collègues parlent de maltraitance à tous les niveaux et on recense une dizaine de burn-out. Il y a un problème. Nous, on ne veut pas de coupables, on veut des solutions », explique Frédéric Desguerre, son secrétaire régional. Contactés à plusieurs reprises, les commissaires de police n’ont pas souhaité donner suite.

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Sylvain AUFFRET

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